profil d'un chesapeake

profil d'un curly

profil d'un flat
profil d'un golden
profil d'un labrador
profil d'un nova

par les Drs Annabelle Loth et  Alexandre Balzer

 

L’envenimation des chiens par les chenilles processionnaires est une affection printanière de plus en plus fréquente. En effet, les hivers moins rigoureux sont notamment à l’origine de l’extension géographique en France de cette chenille, dont les poils sont urticants.

Les chiens, et notamment les chiens de chasse, sont particulièrement susceptibles d’être touchés. Les réaction peuvent être bénignes mais parfois aussi dramatiques avec des pertes des 2/3 de la langue, causées par ses insectes lors de l’exploration de leur milieu environnant, que ce soit en reniflant ou en prenant en bouche des bouts de bois….

chenilles3La chenille processionnaire

Plusieurs types de chenilles peuvent être à l’origine d’envenimation par contact oral ou cutané chez le chien. La principale, en France, est la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa). On la retrouve principalement dans les Landes et le pourtour méditerranéen, sur les résineux dont elle se nourrit : pins Laricio, Maritime, de Corse, Sylvestre, d’Alep et cèdres. Elle se retrouve également dans certaines régions du Sud et de l’Ouest ainsi que dans les vallées de la Loire et de la Saône, jusque dans le centre de la Bretagne. Les chenilles sont ainsi présentes depuis quelques années dans toutes les régions au sud d’une ligne Lorient-Orléans-Dijon, exceptées en montagne. Certains facteurs climatiques, comme des hivers moins rigoureux, et écologiques, comme les plantations étendues de résineux…, ont favorisé l’extension géographique de la chenille vers le nord et des régions normalement indemnes.

Les chenilles processionnaires sont des chenilles rousses de 5 cm de long qui se déplacent toutes en file indienne, ce qui est à l’origine de leur nom. Elles sont fortement velues et portent des poils urticants sur leurs corps, lorsqu’elles sont aux stades dits L3, L4 et L5. Ces poils urticants sont portés au niveau du dos des chenilles et sont dressés, voire lâchés passivement dans l’air lorsque la chenille est menacée.

 

L’envenimation se produit lorsque les chenilles descendent en procession de leur nid où elles ont passé l’hiver. Généralement, cette descente des arbres se produit au début du printemps mais peut s’étendre de janvier à juin selon les conditions climatiques. A la fin de leur procession, les chenilles s’enterrent afin de se transformer, pendant l’été, en adulte, un papillon de nuit inoffensif. Ces papillons se reproduisent alors et pondent leurs œufs sur les pins. Des chenilles éclosent des ces œufs et évoluent ensuite en plusieurs stades de larves (L1 à L5). Ces chenilles construisent pendant l’automne le nid dans lequel elles passeront l’hiver. Elles ne redescendront qu’au printemps suivant et le cycle pourra recommencer. Toutefois, malgré ces contaminations normalement saisonnières, il est possible d’observer des

chenilles1

envenimations toute l’année, notamment par les nids qui reste infestant pendant plusieurs années après le départ des chenilles, par les poils qui y restent.

Le danger des chenilles processionnaires

Les chenilles processionnaires sont à l’origine d’envenimation par simple contact. Ce sont, en effet, leurs poils urticants qui libèrent une toxine. Cette toxine, ou venin, est appelée thaumopoéine.

La thaumopoéine est à l’origine d’une réaction inflammatoire aigue de la peau et des muqueuses avec lesquelles elle est en contact. Cette inflammation peut être gravissime et provoque la mort des tissus mis en cause : langue, babine, truffe… Les chiens ne sont pas forcement infestés parce qu’ils ont touchés des chenilles, mais ils peuvent également l’être par contact avec des poils apportés par le vent, avec des objets couverts de poils urticants (bout de bois notamment) ou par les cocons tombés au sol.

Les symptômes chez le chien 

chenilles2

Chez le chien, c’est la langue qui est principalement touchée. Ceci s’explique par le comportement du chien qui explore le milieu extérieur en prenant en gueule ou en reniflant au sol. Le plus souvent, le premier signe observé est une salivation très importante. Le chien peut ensuite essayer de se gratter le museau et parfois vomir. Très rapidement la langue, voire le nez et une partie de la face du chien, gonflent de façon plus ou moins importante. Le gonflement de la langue peut être tel que le chien ne parvient plus à la rentrer dans sa gueule et même éprouver des difficultés pour respirer.

Que faire lorsque son chien présente de tels symptômes ?

L’homme est également victime des poils urticants des chenilles processionnaires. C’est pourquoi si votre chien se met subitement à baver et que vous suspecter fortement les chenilles (présence dans votre région…), il faut absolument ne pas toucher votre chien mains nues et mettre des gants. En effet, les poils urticants peuvent provoquer des conjonctivites si l’on se frotte les yeux ou des irritations locales, notamment sur les mains après avoir manipuler son chien. Généralement ces symptômes disparaissent en 24 heures spontanément.

Avant d’emmener votre chien chez votre vétérinaire, il est important d’éviter qu’il se gratte car il pourrait augmenter l’envenimation. Il faut aussi l’empêcher de boire ou de manger. Il est fondamental d’amener en urgence votre chien chez votre vétérinaire, car les conséquences de ce type d’infestation essentiellement buccale peuvent être gravissimes, allant jusqu’à le perte de langue.

Si l’intensité de l’envenimation est faible, le chien peut rapidement guérir avec un traitement, qui consiste principalement à lutter contre l’inflammation de la langue et les risques de surinfection. Toutefois, la langue peut être tellement touchée que l’hospitalisation du chien est obligatoire pour mettre en place une perfusion et parfois même intuber pour permettre la respiration. L’alimentation du chien est souvent difficile pendant quelques jours à cause de la douleur et de la taille anormale de la langue. Généralement une alimentation liquide peut suffire pour que le chien réussisse à manger pendant les premiers jours ; mais une alimentation par sonde nasale peut être obligatoire si le chien ne parvient pas à s’alimenter.

Il faudra alors que s’armer de patience, car seul le temps permet d’évaluer les dégâts. En effet, après 2-3 jours, la langue peut reprendre un aspect quasiment normal ou peut se nécroser, soit de façon localisée au niveau de son extrémité, soit de façon beaucoup plus étendue voire totale. Le chien peut ainsi perdre une partie de sa langue. Une chirurgie est souvent nécessaire pour enlever le bout de la langue atteint. Toutefois, si les dégâts sont trop importants, le chien peut décéder ou être incapable de s’alimenter à nouveau, ce qui impose alors l’euthanasie.

La prévention des envenimations par les chenilles processionnaires

Pour éviter d’être un jour confronté à ce type de problème, il est important de prendre certaines précautions :

  • Se renseigner auprès de votre vétérinaire pour savoir si la région est fréquemment touchée par des infestations aux chenilles processionnaires. En effet, celui-ci pourra rapidement vous dire, par le nombre de consultation pour ce motif, si la région est régulièrement touchée et si pour l’année en cours les chenilles sont déjà descendues ou non.

  • Eviter de promener son chien dans les parcs ou les forêts fortement infestés notamment lorsque les chenilles sont visibles au sol ; car, même en laisse, le risque existe

  • Enlever avec un sécateur ou un échenilloir les nids présents dans vos jardins en hivers avant que les chenilles ne redescendent. Il faut alors faire très attention aux poils urticants et se protéger correctement : gants, masque et habits protecteurs. Les nids peuvent ensuite être brûlés et les déchets sont jetés car mêmes brûlés des poils urticants peuvent persister.

  • Appliquer un traitement insecticide à base de Bacillus thuriengiensis une fois par an sur les arbres atteints. Ce traitement est à réaliser sur les arbres présentant des nids en fin d’été ou en automne lorsque les chenilles sortent encore la nuit pour se nourrir car elles seront tuées à ce moment là.

Enfin il est important de retenir qu’il n’existe aucun moyen de se débarrasser définitivement des chenilles. En effet, même si toutes les chenilles existantes sont détruites sur un terrain donné, les arbres peuvent être réinfestés l’année suivante. Le traitement mécanique ou chimique est donc à renouveler chaque année tant que le papillon est présent dans votre région.